Aller se promener, prendre l’air ailleurs, se réjouir de son temps libre, l’idée n’est guère un choix à souhait. Se faire plaisir, cela dépend d’un nombre de considérations. Plus que l’argent, la sécurité des destinations !
Les enfants s’impatientent de voir, enfin, arriver les vacances pour marquer une pause salutaire et réviser, en suivant un rythme nettement moins frénétique. Mais c’est surtout l‘occasion, pour eux, de profiter des sorties, du temps libre et de se faire cajoler par leurs parents et proches. Cependant, pour ces derniers, les vacances deviennent de plus en plus coûteuses. L’augmentation des prix et des tarifs dans les espaces de loisirs et de restauration est telle qu’elle nécessite un budget bien réfléchi. Fini le temps des sorties improvisées et des dépenses inattendues. Les pères de famille font preuve, plus que jamais, de rigueur et d’esprit économe. Situation financière et socioéconomique oblige !
Il est 11H30 en ce dimanche, généreusement, ensoleillé. Radhouane, Yamina ainsi que leurs deux filles âgées de huit et de trois ans, s’apprêtent à entrer à «Katkout», un espace de jeux et de loisirs pour enfants situé au Bardo. Ce couple profite du beau temps pour changer d’air et permettre à sa progéniture de s’amuser avant de reprendre les études scolaires et préscolaires. «Il faut que les enfants apprennent à accorder du temps pour les loisirs. Cela fait partie de l’éducation», indique Radhouane. Commerçant, ce jeune papa se réjouit d’avoir un tant soit peu les moyens pour introduire la notion de loisirs dans sa vie de famille. Chaque semaine, il consacre 60 D pour une sortie en famille. «C’est à ma femme et à mes filles de choisir l’endroit où aller chaque dimanche, à condition de ne point dépenser plus que le budget consacré à cette occasion», indique-t-il, ferme. Et d’ajouter que lorsqu’il fait mauvais et que sortir devient risqué pour la santé des petites, il leur achète de quoi leur faire plaisir, tout en restant chez soi, à savoir des sandwichs, des pizzas, des gâteaux ou encore des jouets.
100 D, pour rendre son week-end exceptionnel
Dans un salon de thé sis au Bardo, la famille de Hamdi occupe une table qui lui a été réservée à l’avance. Ce père de famille travaille dans le secteur des assurances. Quant à son épouse, elle détient une parfumerie. Chaque week-end, la sortie en famille est un rendez-vous sacré. « Nous sortons en petite famille ou avec des amis et des proches. Pour nous, la notion de vacances est strictement dédiée aux vacances d’été. Mais en réalité, chaque week-end est une vacance à part entière », indique l’épouse de Hamdi. Déjeuner dehors, aller au cinéma, se promener dans un parc, visiter une kermesse, une foire pour cette famille, il y a toujours de quoi rendre le week-end exceptionnel. Et en contrepartie, un budget de cent dinars est à réserver à cet effet. «Il faut que les enfants se ressourcent à la fin de la semaine. Entre l’école, la garderie, les cours particuliers et les clubs, il faut qu’ils passent du temps en famille », ajoute la maman.
Des vacances inabordables
Si Radhouane et Hamdi parviennent à consacrer une somme hebdomadaire pour les loisirs, ce n’est pas le cas de Monsieur tout le monde. Lassaâd, enseignant et père de deux enfants inscrits au lycée, se souvient de l’époque où ses enfants étaient en bas âge et où il lui était possible d’aller en excursion et de passer, sinon, des week-ends prolongés dans des villes touristiques. Aujourd’hui, les choses ont changé, et ce, en raison de la cherté de la vie, mais aussi des exigences de ses enfants. «Mon aîné repasse le bac, ce qui sous–entend des cours particuliers à n’en plus finir… D’autant plus que les factures sont plus que jamais gonflées, sans compter l’augmentation des prix des denrées alimentaires pourtant rudimentaires… Les vacances sont devenues quasiment inabordables pour le Tunisien à revenu moyen. Même pour sortir en famille, la moindre dépense pèsera lourdement sur le budget mensuel», avoue-t-il, amèrement.
Les goûts changent au fil du temps !
Dans ce même salon de thé, Amani et Raja, deux étudiantes, sirotent du café. Pour elles, les vacances importent peu. Ce qui compte vraiment, c’est de recevoir assez d’argent de poche pour acheter de nouveaux vêtements, des produits cosmétiques et pour sortir entre copines. « Je me souviens que j’avais toujours hâte d’être en vacances pour recevoir des jouets, sortir en famille et jouer à volonté. Une fois adulte, ma perception a changé, mes goûts aussi. Certes, sortir en famille me fait toujours plaisir. Cela dit, d’autres centres d’intérêt ont droit de mon temps libre désormais, notamment le sport et les sorties entre copines», explique Raja.